jeudi 8 novembre 2012

Un coup d’Etat passé sous silence - Braquons les projecteurs sur la Grèce!




Ce mercredi 7 novembre, le Parlement grec a voté le Memorandum III qui achève de lessiver un peuple grec déjà à bout suite aux mesures d'austérités précédentes. Tout comme le contenu de ce nouveau paquet de mesures, les circonstances de ce vote sont totalement inacceptables. Le matin même, la Cour de cassation estimait anticonstitutionnel ce projet de 800 pages porté à la connaissance des députés 24h avant le vote. Le gouvernement en place, "la Troïka de l’intérieur", n’a pas voulu en tenir compte et a imposé le vote, malgré la grève spontanée des employés du Parlement dont les salaires sont à nouveau réduits. Le Président de la Chambre a suspendu illégalement la séance pour faire venir les députés de la majorité qui étaient pour la plupart absents. Et c’est finalement avec une courte majorité de 153 sur 300 (alors que la majorité théorique est de 176) que le Mémorandum III a été adopté cette nuit. L’âge légal de départ à la retraite est désormais reporté à 67 ans, les indemnités de licenciement sont baissées et plafonnées, le salaire minimum est gelé à 580 euros (511 pour les jeunes)...

Du 30 octobre au 5 novembre, à l'initiative de la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR) et des Jeunes Anticapitalistes (JAC), nous nous sommes rendus en petite délégation de Belgique à Athènes pour rencontrer celles et ceux qui vivent dans le laboratoire de l'austérité en Europe et qui résistent courageusement aux mesures imposées par leur gouvernement et la Troïka:

Moisis, le journaliste et militant syndical; Aris, le militant de Kokkino, l'une des composantes de la coalition politique Syriza; Mihalis, l'avocat des étrangers et militant antiraciste; Panagiotis, l'ethnologue du terrain et blogueur de greek crisis; Antonis et Tassos, les militants autonomes et média-activistes de Radiobubble; Kléanthis et Thanassis, les étudiants organisés; Tassos, Andreas, Nicolas, Iro, Manos, les militants d'OKDE-Spartakos, l'une des composante de la coalition politique Antarsya; Flora, la syndicaliste du secteur de l'énergie; Dimitra, la militante féministe; Katerina et Panos, les militants antifascistes et de la maison de quartier "le club ouvrier"; Maroussa, la citoyenne indignée et tant d'autres…

Après plus de deux ans de luttes déterminées, ces hommes et femmes debout n'ont pas réussi à stopper le rouleau compresseur qui détruit leur vie pour satisfaire les marchés. Tous reflètent une facette de la rage du désespoir qu'ils ont en commun. Ils nous ont parlé de leur quotidien, de leurs analyses de la situation et de leurs mobilisations. Quelques phrases sont récurrentes dans leurs bouches: "Ils sont en train de nous tuer", "chaque bulletin d'info est comme un peloton d'exécution", "ils nous forcent à nous battre les uns contre les autres pour survivre, c'est du cannibalisme social"...

Malgré tout, leur résistance reste vivace. Hier, mercredi 7 novembre, ils étaient avec près de 200.000 personnes sur place Syntagma devant le Parlement d'Athènes pour crier leur colère avec détermination. Ils ont subi une répression violente, avec des fouilles "préventives", des tabassages, des gaz asphyxiants, des arrestations... Pendant ce temps, le coup d'Etat a eu lieu, dans le silence assourdissant des médias européens. Mais ce n’est pas terminé. Certains secteurs prolongent la grève de 48 heures démarrée mardi. Et la pression populaire reste forte alors que le vote du budget 2013 – qui prévoit notamment une baisse de 9,5% des budgets de la santé, des allocations familiales et de l’éducation – est prévu pour ce dimanche, la veille de la réunion des Ministres des finances de la zone euro qui décideront de l’attribution ou pas à la Grèce de la tranche "d’aide" de 31 milliards gelée depuis juin.

Ces évènements sont largement passés inaperçus en dehors de Grèce, comme si le monde s'était arrêté de tourner pour la victoire d'Obama. Nous voulons réorienter les projecteurs en diffusant les témoignages que nous avons recueillis sur place. Pour dénoncer l'intolérable. Pour concrétiser la solidarité internationale en luttant ensemble, au-delà des frontières, contre les gouvernements européens et la Troïka qui ont choisi de saigner les peuples pour permettre une relance du système avec davantage de profits pour les plus riches et la mise à sac des droits conquis par des décennies de luttes.

Ce jeudi 15 novembre, au lendemain de la journée d’action européenne contre les politiques d’austérité, nous présenterons publiquement le résultat de nos rencontres, à 19h, à l'ULB de Bruxelles (auditoire H1308). Ce meeting public sera précédé d'une conférence de presse à 18h30. D’ici-là, nous publions progressivement nos impressions ainsi que des synthèses des interviews que nous avons récoltées à Athènes sur notre blog.

Communiqué Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR) - Jeunes Anticapitalistes (JAC)
Bruxelles, le 8 novembre 2012.

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